Faire ses tirages |
Tirages |
Tirages multichromes |
Ce texte est maintenant "historique"
car il est impossible de se procurer du Bichromate de potassium, interdit à
la vente !!!!
Ce qui vous l'aurez compris rend ce procédé inutilisable.
Un produit est sur le marché, se disant remplaçant du bichromate,
cher et pas facile à utiliser selon des amis qui l'ont essayé.
Les propriétés
de durcissement de la gomme arabique mélangée à du bichromate
de potassium par les ultra violets ont été découvertes
par Mr Poitevin vers 1842 et améliorées par Mr John Pouncy en
1858. Il suffit de rajouter un colorant, par exemple du charbon pour obtenir
un tirage ayant une durabilité étonnante. Le développement
se fait à l'eau, les excès de gomme et de colorant se dissolvant
aux endroits n'ayant pas été durcis par les UV ( parties sombres
du négatif).
La densité est proportionnelle à la quantité d'UV. Le bichromate
étant dissous dès le trempage il ne reste sur le papier que la
gomme et le colorant. Aujourd'hui le papier est un papier aquarelle et les colorants
sont dans les catalogues beaux-arts au même titre que les colorants utilisés
par les peintres. On peut utiliser aussi l'aquarelle en tube, des ocres ou des
terres diverses.
Le négatif doit être de la dimension du tirage souhaité
puisque l'on travaille par contact avec des temps de pose variant de la minute
à la demie heure. Ces négatifs peuvent être réalisés
de manière traditionnelle ou avec une imprimante jet d'encre sur transparent,
mêlant ainsi intimement une technique des origines de la photo à
celles du 21ème siècle. Le procédé à la gomme
bichromatée se satisfait de ces négatifs numériques encore
imparfaits mais qui permettent de créer un univers plus onirique. Les
gommes présentées ici ont été réalisées
avec les deux systèmes .
Par masochisme sûrement pas , par réaction aux nouvelles technologies : peut-être, pour livrer un tirage qui va durer autant que son support : oui ; pour la joie de créer avec ses mains et non avec une machine automatique: oui; pour la liberté d'interprétation que nous laisse ce procédé: oui , oui , oui. Et pour le rendu incomparable de l'oeuvre finie . Car aujourd'hui , un tirage à la gomme peut demander de 1 à plus de 10 couches successives sur la même feuille , le résultat est toujours aléatoire et sous la dépendance de multiples critères pas toujours connus . Mais au bout la réussite !...
Plus
de technique ?
Pour les débutants :
D'abord plus d'explications
sur le procédé et surtout sa mise en application chronologique.
Papier
Comme
presque tous les procédés méconnus la gomme bichromatée
trouve sa base dans un papier type aquarelle de poids conséquent car
il doit résister sans déchirement aux multiples trempages et séchages
qu'on peut lui faire subir.
Son choix
est capital pour une bonne conservation des images. Il convient de choisir des
papiers sans acide. Le papier dit permanent est fabriqué sous la norme
iso 9706. Le pH doit être compris entre 7,5 et 10, La réserve alcaline
doit être supérieure ou égale à 2% d'équivalent
de carbonate de calcium.
On peut utiliser par exemple le papier Vinci 300gr/m2 ou l'Artistico 300g/m2de
chez Fabriano qui est très blanc, sans acide, le Vélin Rives BFK,
280g/m2, le LANA Royal 250 gr, le CANSON Montval 300g sont aussi d'excellents
papiers. On peut trouver dans les moulins artisanaux de superbes papiers se
prêtant à ce procédé. On préfère en
général des papiers peu structurés en surface, mais la
gomme peut à condition de ne pas rechercher
Avant d'utiliser le papier, si l'on veut travailler en multicouches, il faut
anticiper le retrait inhérent au premier trempage dans l'eau de toute
feuille de papier. Il faut savoir qu'une feuille de papier neuve trempée
dans l'eau rétrécira nécessairement au séchage et
plus ou moins en fonction de sa fabrication. ce retrait n'a lieu qu'une fois
. On peut donc anticiper ce fait en prétrempant notre feuille dans une
eau chaude de manière à ne plus avoir de retrait lors des prochains
trempages.
Nous ferons donc un prétrempage dans de l'eau entre 65 et 80° pendant
1 heure en retournant souvent les feuilles puis séchage par étendage.
Gélatinage :
Premier acte :
on va gélatiner nos futures feuilles de tirage pour que les produits
sensibles restent en surface et n'aillent pas colorer les fibres du papier .
On va donc préparer une décoction à base d'eau déminéralisée
et de gélatine , matière photographique permettant d'étanchéifier
la surface de travail . Quatre grammes pour 100cc d'eau pourront faire l'affaire.
Certains rajoutent 4g de sucre mais là c'est selon les goûts. Pour
celà on laisse tremper la gélatine dans l'eau à température
ambiante pendant un couple d'heures au minimum puis on trempe notre bocal dans
un bain marie à 50° maximum pour faire fondre la gélatine
. Une fois fondue en conservant notre bocal dans l'eau chaude nous étalons
avec un pinceau un peu large (5 à 7cm) cette émulsion de gélatine
sur notre papier. Une fois sec nous recommencerons l'opération aprés
avoir pris soin d'incorporer 2g d'iodure de potassium à nos 100c d'eau
et de gélatine, ce produit a la faculté de taner la gélatine
ce qui la rendra insoluble aux futurs trempages qui ne vont pas manquer de suivre.
On vient de découvrir les joies du maniement du pinceau, et vous aurez
vite compris que souplesse du poignet et délicatesse doivent être
parfaitement maitrisés pour obtenir un fini sans surépaisseur,
vagues ou autres moutonnements désagréables à l'oeil. Ce
qui va être indispensable pour la prochaine opération .....
La gomme ne peut se satisfaire d'un papier pour beaux arts. Son côté
cabotin nous impose de traiter ce papier différemment des autres procédés.
Lors du couchage des produits les colorants aidés du bichromate et de
la gomme arabique ont la fâcheuse tendance à pénétrer
les fibres du papier et à vouloir y rester. Ce qui ne fait pas notre
affaire car nous aimons parfois avoir des blancs bien blancs ou presque. Or
le blanc dans ce procédé est donné par le papier. Le mieux
est donc d'étanchéifier le papier en lui couchant une couche d'apprêt.
Aujourd'hui le plus couramment utilisé est la gélatine. Elle a
la faculté d'être neutre et d'empêcher les pigments colorés
de migrer dans les fibres. La formule pour cette opération:
Eau déminéralisée ………100cc
Gélatine ……………..……… 3 à 5g
Alun de potassium ……… 10g
Précautions d'emploi: la gélatine est mise à tremper 4
heures environ avant, puis dans un bain marie à 45° on fait fondre
notre préparation et on y rajoutera l'alun à la fin. A noter que
l'on peut utiliser de l'alun de chrome qui bleuira la solution (azurant ?) ce
qui peut donner un effet. L'alun sert de tannant évitant que la gélatine
ne se dissolve lors du dépouillement à l'eau.
On peut gélatiner en une seule couche mais selon les papiers un deuxième
gélatinage est indispensable.
En général ce travail étant considéré comme
une corvée on prend soin d'enduire une grande quantité de feuilles
et on est tranquille pour de longs mois vu que la conservation du papier en
cet état est infinie. Pour gélatiner les feuilles on peut utiliser
deux méthodes soit par trempage soit par enduction au pinceau. Par trempage
on va enduire les deux côtés de la feuille en laissant tremper
cinq minutes dans notre préparation tenue au chaud au bain marie. Prendre
bien soin de ne pas trop agiter la cuvette car on risque d'avoir des bulles
sur la surface du papier lors de sa sortie du bain. Ces bulles entraîneront
des défauts de surface qui ensuite nous joueront des tours lors des dépouillements
futurs On aura par cette méthode l'inconvénient d'avoir le surplus
qui va goutter lors de l'étendage sur fil pour séchage d'ou l'obligation
de protéger le sol car la gélatine sèche accroche bien
!
La deuxième méthode plus délicate consiste à enduire
de gélatine avec un pinceau à poils fins et doux de manière
à ne pas faire de bulles. La température du bain marie 45°
a une importance capitale pour la bonne conduite de ce travail nous évitant
des bulles dont il est difficile de se débarrasser. Il faut lisser avec
le pinceau jusqu'à disparition des bulles inévitablement présentes
lors de cet étendage.
Emulsionnage :
Je ne sais si ce mot est dans le dictionnaire mais il corespond bien à ce qui suit . Nous avons donc du papier gélatiné en notre possession et une fois coupé à la bonne dimension , c'est à dire plus grand que notre négatif nous allons pouvoir l'émulsionner . Je vous avais pas dit qu'il fallait un négatif ? Ah bon , ben c'est pas le sujet là mais on va dire que vous pouvez faire un tirage papier RC , vous savez ce papier plastique que les fabricants ont inventé pour remplacer les beaux papiers barytés , pour une fois ils vont servir pour une noble cause. Une fois votre tirage sec vous le contretypez par contact pour en faire un négatif papier . Vous pouvez vous rendre compte que ca marche pas trop mal car le papier plastique est sans fibre donc neutre par tranparence.Le temps d'exposition sera plus long mais pour commencer ... Vous pourrez plus tard gagner du temps en faisant vos négas avec du vrai film. Autre possibilité ;vous pouvez travailler votre plus beau cliché sur photoshop et l'imprimer en néga sur un support transparent gélatiné adapté à votre imprimante et à ses encres. Vous aurez pris soin de vous débrouiller pour obtenir un cliché pas trop heurté , avec des détails dans les ombres bien soutenus et des hautes lumières pas trop soutenues mais présentes. En bref un néga plutôt doux. Donc vous avez un néga reste plus qu'à émulsionner. Vous allez préparer votre mélange de gomme arabique (qui est en fait de la résine d'acacia) en poudre ou en morceaux avec le bichromate de potassium et votre couleur . La gomme se trouve en deux conditionnements. La poudre est pure , chère et pratique, les morceaux sont moins chers, mais il faut les faire fondre dans un morceau de collant usagé de votre copine. Et toujours dans de l'eau déminéralisée dans des proportions égales (100g de gomme pour 100cc d'eau). Prévoir de commencer à faire fondre l'avant veille car c'est plutôt long . Eh oui , avec la gomme bichromatée on évite Kodak, Fuji, Ilford ou Agfa mais il faut se préparer à l'avance pour être opérationnel le jour J. Il suffit de tout mettre en culture le jour où l'on gélatine en fait ! Et si j'utilise le mot de culture c'est que la gomme est vivante, ce qui veut dire outre le fait que les résultats futurs dépendent d'elle, c'est qu'on doit prévoir si on ne l'utilise pas toute en trés peu de temps de lui additionner un peu d'acide salycilique ou quelques gouttes de formol , en prenant garde de ne pas se shooter à ce produit car il est hyper dangereux et cancérigène. Bon alors on a la gomme diluée, on a acheté du bichromate de potassium (potassium dichromate dans sa nouvelle appellation) que l'on a dilué dans les proportions de 10g pour 100cc d'eau déminéralisée.On a aussi de la couleur en tube (aquarelle ou gouache) ou en poudre (ocres ou couleurs type beaux arts). On mélange dans un petit pot en verre (type crème brulée) à parts à peu prés égales de la gomme et du bichromate+de la couleur, en petite quantité c'est à dire 3cm d'un boudin d'aquarelle. Il ne nous reste plus quà étendre avec le coup de poignet que l'on a acquis lors du gélatinage. Là vous allez commencer votre collection de pinceaux car tout amateur des procédés historiques est à la recherche de son Graal : le pinceau idéal .Pour commencer un pinceau queue de morue (ou de rat?) fera l'affaire . On laisse sécher et on n'a plus quà exposer aux ultra violet, c'est à dire que l'on expose au soleil le sandwich:feuille émulsionnée+néga+vitre un peu épaisse au soleil pendant un certain temps puisque bien sûr tout dépend de la région, de la saison, de l'heure, de la densité du néga, de la quantité de bichromate, du papier, de la gélatine, de votre goût et bien sur de l'age du capitaine . Pour finir on laissera tremper dans l'eau (du robinet cette fois) notre image côté exposé vers le fond de la cuvette, là encore un certain temps car tout dépend de ......... Vous constaterez bientôt que l'eau va se colorer, puisque les parties non exposées à travers les parties foncées du néga non durcies par les UV vont se déliter petit à petit . On touche rien , on laisse faire le temps et celà peut prendre de 1/2 h à une nuit complète . Si l'on est pressé on peut aider au dépouillement en utilisant un jet d'eau ou un pulvérisateur de jardin à main ou tout autre procédé disponible au labo. On vient de faire la première couche de sa première gomme bichromatée . Aprés çà........ tout reste à faire ! Si vous voulez des formules vous aurez là des formules basiques et si vous voulez en savoir plus, procurez vous donc le livre L'esprit des sels aux éditions VM ou allez sur des sites comme celui de l'association Hélios : http://www.foto-sapiens.com/helios . Vous avez d'autres sites sur la page liens avec plein de formules magiques, mais si vous recherchez un procédé scientifique à dominer, changez vite d'idée et allez vers la mécanique quantique car il n'y a rien de plus aléatoire que la gomme bichromatée au point qu'il est impossible de réaliser deux gommes identiques avec le même néga et les mêmes colorants.
Pour les anciens débutants : quelques astuces
Il s'agit d'un
des nombreux procédés pigmentaires utilisant les propriétés
des colloïdes (gomme Sénégal, colle de poisson, tapioca,
gélatine etc...) qui deviennent sensibles (en devenant insolubles) à
la lumière (UV) sous l'action des bichromates.
L'énorme différence avec les autres procédés est
son côté "flou", enveloppé, diffus, estompé,
son manque de netteté dans les contours, son absence de piqué.
Son encore plus énorme avantage est sa facilité d'interprétation,
son aptitude à favoriser la créativité, sa faculté
à nous réserver des surprises à chaque dépouillement
(on ne dit pas développement pour la gomme), ses possibilités
d'accepter presque toutes les couleurs que ce soit sous forme de pigments, d'aquarelle
ou de gouache, sans oublier les pigments spéciaux comme la poudre dorée
ou d'aluminium, les terres diverses, la poudre ponce .......... La liberté
créatrice est dans les mains du "gommiste" (c'est comme ça
qu'on s'appelle ! )
Ce procédé excluant d'avoir de fins détails, les sujets
photographiques choisis seront simples, poétiques, graphiques et adaptés
à ce rendu particulier. Il faut bannir tous les sujets exigeant de la
netteté.
C'est cette liberté d'intervention qui a fait adopter ce procédé
par les grands photographes pictorialistes du début du siècle
comme Puyo, Demachy, Kuhne etc...
Et rajoutons à ceci le fait de pouvoir travailler en multicouches donc
de multiplier les effets colorés et on voit tout de suite que les multiples
combinaisons possibles font qu'on n'a jamais fini d'explorer les possibilités
de ce procédé.
Négatif ou positif
Le négatif doit être au format du tirage puisqu'on travaille par
contact
On peut le réaliser soit sur un transparent numérique ou calque
sur imprimante jet d'encre, laser ou même photocopieur, soit sur film
négatif à partir d'un néga NB ou d'un internégatif,
soit sur un film argentique "positif" type arts graphiques par exemple
le CPRX4 de Bergger si on arrive encore à en trouver. On peut même
pour commencer faire ce néga à partir d'une diapo que l'on tire
sur papier NB type RC (parfait car il n'a pas de grain). Le temps d'exposition
n'en sera que plus long à cause de son peu de transparence mais ça
fonctionne bien et c'est efficace m'a-t-on dit (je n'ai jamais essayé).
A l'heure actuelle les imprimantes à encre à l'eau comme la plupart
des imprimantes de bureau peuvent imprimer sur des transparents gélatinés
ou des calques de bonne qualité mais fragiles et sensibles à l'humidité
et aux UV ce qui entraîne un vieillissement accélère du
néga. AGFA fabrique un transparent spécial pour imprimantes jet
d'encre pigmentée type Epson 2400, 4800 et traceurs 7800 ou 9800. Ce
transparent est utilisé principalement pour la sérigraphie. On
peut trouver ce transparent en feuilles ou rouleau chez TIFLEX (visible sur
internet) .
Le négatif ne doit pas être trop dense ni trop contrasté,
mais avec des hautes lumières bien marquées.
Les négas sur imprimante jet d'encre nous permettent de mêler un procédé de 1858 à une technologie du 21ème siècle. Un mariage heureux .....et créatif au possible. D'abord sur un logiciel de création numérique puis par la créativité du procédé à la gomme nous permettant une exploration sans fin et qui nous laisse une liberté que peu de procédés de tirage nous permettent.
Quelques exemples
de ces possibilités créatives:
- Réaliser plusieurs négatifs de contraste différent ou
l'un avec détails dans les ombres et l'autre avec détails dans
les hautes lumières par exemple et ensuite exposer selon le négatif
choisi avec des colorants différents à la demande.
- Réaliser à partir d'un fichier numérique couleur trois
ou quatre négatifs N&B des couches RVB ou CMJN de ce fichier que
l'on trouve facilement dans un bon logiciel de traitement d'image. Il suffit
ensuite de les juxtaposer comme le faisaient les imprimeurs à l'époque
des sélections quadri pour un bon repérage et après perforation
de tous les négas on pourra juxtaposer les couches colorées différentes
sur notre épreuve.
- Réaliser en plus un positif de notre ou nos négas qui nous permettra
de travailler avec du blanc ou un colorant clair et transparent par dessus nos
couches colorées.
- Avec notre positif sur papier noir ou très foncé on peut coucher
une émulsion à base de colorants poudre d'or, d'alu ou de toute
sorte. Et si on a de la véritable poudre d'or on fera de la photo à
prix d'or ........... Faudra pas la louper !
Produits et émulsionnage (pigmentage)
Gomme arabique
(appelée aussi gomme Sénégal :
En fait c'est de la sève d'acacia)
La gomme existe sous deux formes : poudre et morceaux bruts. Pour la gomme en
poudre aucun problème pour la dissolution, il suffit de s'y prendre trois
jours avant en faisant dissoudre la gomme dans de l'eau déminéralisée
à parts égales
50cc d'eau pour 50g de gomme par exemple
Pour celle en blocs il faut aussi la dissoudre dans de l'eau déminéralisée
comme la poudre mais en prenant soin d'envelopper les morceaux dans un "nouet"
de gaze (ou un bout de bas ou de collant ) de manière à récupérer
les morceaux de paille, bois ou autres impuretés agglomérées
aux blocs de gomme. Il suffira après dissolution complète de presser
la gaze pour en extraire la gomme et éliminer les impuretés à
la suite.
Pour une plus longue conservation on peut prévoir quelques gouttes de
formol, d'acide phénique ou d'acide salicylique en fin de préparation
permettant d'éviter la formation de moisissures.
Bichromate de potassium
ou d'ammonium. - Formol - Colorants - Pinceaux -
Préparer à part une solution de bichromate à saturation
( env. 10%) dans de l'eau déminéralisée (par exemple 15g
de bichromate dans 100 cc d'eau) Il va rester un peu de bichromate au fond non
dissous, signe que la solution est saturée.
Mélanger avant l'emploi la solution de gomme arabique et celle de bichromate
à parts égales. Pour ma part une cuillère à café
de chaque me permet de sensibiliser 7 ou 8 feuilles 24x30 (environ 3 à
4cc pour un 18x24). Certains disent que plus de bichromate augmente le contraste,
l'inverse étant valable. J'ai toujours eu du mal à le constater.
Rajouter le colorant: aquarelle, gouache ou pigment (colorants solubles à
l'eau) en quantité variable selon les besoins.
Parfois certains colorants ont du mal à de dissoudre dans la gomme +
la solution de bichromate, dans ce cas utiliser un mortier en porcelaine par
exemple qui va nous permettre d'effectuer cette dissolution rapidement et efficacement.
Ce moyen permet aussi de bien répartir le colorant dans la solution surtout
les noirs qui ont tendance à faire des traînées insolubles
lors du pigmentage.
Etaler sur le papier avec un pinceau type queue de morue et bien lisser. Trouver
le bon pinceau adapté à son coup de main est primordial, chacun
trouve un jour SON pinceau et ne le quitte plus. Le mien est une brosse plate
en nylon très douce de chez Stouls (35mm de largeur) référence
BRO35
La feuille de papier est couverte d'une mince couche de la solution de gomme
sensibilisée. La couche doit être étendue rapidement (en
moins d'une minute) au pinceau. On adaptera l'épaisseur d'une couche
colorée fine par exemple pour une longue exposition et pour faire ressortir
les détails dans les hautes lumières en début de processus
et ainsi de suite jusqu'à une couche épaisse pour une exposition
plus courte en fin de processus pour la densité des ombres.
Le papier ainsi préparé est mis à sécher à
l'abri des UV.
Sa durée de conservation ne dépasse pas les quelques heures qui
suivent.
Exposition
Par contact sous UV : on utilise soit la lumière solaire plutôt
à l'ombre car la chaleur aurait tendance à tanner la gomme la
rendant insoluble partout, soit une lampe à rayons ultra violets ( lampe
à bronzer, lumière noire type boite de nuit, lampe à vapeur
de mercure, etc....)
Les tubes néon UV - OSRAM Eversun de 40W en 60cm ou les lampes UV Ultra-Vitalux
de 300W toujours de chez Osram sont des exemples de source UV
Il est indispensable d'avoir un bon contact entre le négatif et la feuille
sensibilisée, de même qu'il est primordial que notre feuille soit
parfaitement sèche pour ne pas détruire le néga. Le bichromate
attaque les sels d'argent, et l'humidité certaines impressions jet d'encre.
A cet effet nous pourrons soit utiliser les châssis presse des débuts
de la photo lorsque les agrandisseurs n'existaient pas et que les seuls tirages
étaient faits par contact à l'extérieur, avec l'avantage
d'utiliser une vitre fine, soit avec un châssis fabrication maison constitué
d'une planche bois dans laquelle on aura fixé 3 ou 4 tétons du
diamètre adéquat (6mm en général) en repérage
parfait avec les trous d'une perforatrice de bureau à 4 trous.
On n'a plus qu'à mettre le sandwich papier-négatif dans les perforations
et d'y rajouter par dessus une vitre épaisse pour une bonne planéité,
avec l'inconvénient d'une absorption des UV par ce genre de vitre.
De 10 à 30mn d'exposition sont nécessaires pour durcir la gomme
dans les parties exposées aux UV (les ombres). Ce durcissement est proportionnel
à la quantité d'UV ayant impressionné la feuille.
A noter qu'il est impossible de contrôler la densité en cours d'exposition
comme dans les procédés à noircissement direct comme le
Van Dyke, la platinotypie ou la cyanotypie. On doit donc acquérir une
expérience selon le matériel à notre disposition et selon
les négatifs. Par tâtonnements on arrivera à déterminer
selon la couleur des pigments des temps d'exposition à peu près
exacts. sachant que si l'ion pratique le multi-couches on peut arriver à
une densité convenable. De même les éventuelles traces de
couchage dues au pinceau seront atténuées.
Dépouillement
A l'eau par trempage
, progressivement, les parties les moins insolées (sous les noirs du
négatif) sont dissoutes, laissant apparaître le blanc du papier.
Les partie exposées au contraire ne se dissolvent pas et préservent
les pigments colorés qui recouvraient le papier.
Après 5 minutes dans un premier bain le bichromate est dissous et on
peut renouveler l'eau pour la suite du travail. Pendant 10mn à 1h, plusieurs
heures parfois il faut surveiller et attendre que ce processus de dissolution
soit terminé. Lors de ce dépouillement la couche de gomme est
extrêmement fragile et donc facilement effaçable du support.
On peut constater tout de suite que si le dépouillement est rapide cela
provient sûrement d'une sous exposition, et à l'inverse si aucun
dépouillement n'apparaît au bout de demi heure on peut dire que
l'on est en sur exposition.
Plus l'eau de dépouillement est chaude , plus le tirage sera contrasté
On peut donc s'aider d'un fin jet d'eau ou d'un pinceau pour des détails
à éliminer. On peut si l'on désire travailler en polychromie
effacer sur cette couche certaines parties de l'image avec le pinceau, dans
un deuxième temps une couche colorée d'une autre couleur et dépouillée
de la même manière ne sera à son tour visible que dans les
endroits que l'on souhaite c'est à dire ceux que l'on aura épargné
avant. On peut imaginer ainsi sur la même image un ciel bleu, de l'herbe
verte, un toit rouge et une enseigne Kodak jaune !
Chaque dépouillement s'effectue avec toute une série d'outils
à adapter soi même, ce qui constitue une phase de création
indéniable et donc d'interprétation. C'est précisément
dans le geste du dépouillement qu'apparaît le caractère
singulier de la gomme bichromatée loin du mouvement mécanique
et de la reproduction à l'infini.
Il faut attendre le total séchage de la gomme car celle ci est TRES fragile
à l'état humide. Une fois séchée on peut sans crainte
rajouter d'autres couches colorées, la gomme ayant durcie est très
résistante.
Une particularité de la gomme: l'hygrométrie de la pièce
dans laquelle on travaille est particulièrement importante, 70 à
80% d'humidité et ça fonctionne bien, 50 ou 60% et on a des problèmes.
Et là je n'ai aucune explication, un des mystères qui font que
la gomme est un procédé à part !
Finitions
Terminer par un
trempage rapide (2mn) dans une solution à 5% de bisulfite de sodium
qui permet d'éliminer toutes traces de bichromate à la fin lorsque
toutes les couches ont été faites.
La retouche se fera avec de la gomme et les colorants utilisés précédemment.
Le montage avec des cartons sans acide comme pour la photo sur papier baryté.